LLes pérégrinations musicales et souvent marécageuses de Pêrig Mahet

Contact: perigstyle@free.fr

Collage Isabelle Dormion

 

1 - Wie een grote surprieze !

2 - Underground City

3 - Chants de gorge

4 - Couvent de femmes et femmes du vent

5 - Blasés du blues

6 - Les petits airs de Rezvani

7 - Fraiseau exagère !

8 - Breton, langue furtive...

9-Le passage des mousquetraires

10-(en cours)

11-(en cours)

12-(en cours)

 

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HORS PISTE !

A la recherche de la Musique furtive...

« Dites-leur ! Par pitié dîtes leur de ne plus m’inonder de fichiers musicaux ! Dîtes leur à vos amis ! D’ailleurs je ne peux même pas les lire leurs fichiers « wave ». Je n’ai plus de lecteur CD. Encore moins de DVD. Ni de graveur. Ni de logiciel MP3, ou MP4,5,6,7,1000... Ni toute la panoplie de décompresseurs de citrouille binaire pour Cendrillon en mal de cyber-carrosse samplés. Dîtes leur que c’est un malentendu ! D’ailleurs je n’ai jamais pu acheter un seul disque. De ma vie. Si, peut être un vinyle ou deux des Shadows dans les années soixante. C’est comme çà. Je sais. Ce n’est pas normal. C’est une tare. Vous avez cru que j’étais musicien. On vous l’a dit ? C’est faux. Je n’aime pas cette musique-là. Je ne l’aime pas. C’est une erreur.

 

J’aime le silence…

 

J’aime le silence dans la vallée…

 

Et puis j’aime aussi quand l’air remue doucement. Dans le feuillage. J’aime ça. Et puis le roseau ébréché qui se met à souffrir. Ca siffle. D’une manière bizarre. J’aime bien. Et le goulot de la bouteille oubliée par terre. Qui hulule quand un courant d’air passe. Et semble regretter la bouche édentée du pochetron qui l’a abandonnée là. J’aime entendre ça. Et dans le lointain, j’aime aussi le bruit des trains pour les partances inconnues. Qui déchire le sommeil apparent des choses. Et puis le marteau qui tinte. Quelque part. Avec les harmoniques de l’enclume qui lui répondent. Deux coups sur l’enclume. Un coup sur le fer encore rouge. Deux coups sur l’enclume. Un coup sur le fer qui noircit. Deux coups sur l’enclume…Et puis plus loin, à peine audible, une clarinette qui se plaint. Ca vient d’une fenêtre entrouverte. Au fond d’une rue mal pavée. Enfouie. Dans le quartier juif. J’aime tendre l’oreille pour ça. Et puis aussi pour cette voix de femme. Qui chante. Ca ne peut être qu’une espagnole. Qu’une andalouse. Sa voix a la même tessiture que la terre qui sèche sur le parvis de la cathédrale ruinée. Craquelée par endroit. Poussiéreuse. Et puis de nouveau j’aime sentir le silence qui s’installe. Un silence avec l’écho naturel, l’écho intégré de l’Océan toujours présent. A proximité immédiate du songe. Et de la mouette qui veille. Suspendue entre deux mondes.

Je ne suis plus musicien. Dites-leur à vos amis. C’est un mal entendu. »

[Ô Santiag !] Extraits.

Hors piste, une Musique existe aussi. Intégrée à la Vie. Elle n'est ni enregistrée, ni enregistrable. Pour la bonne raison qu’elle fuit dés qu’on veut la saisir. C’est une matière soluble dans l’instant. Tous les stratagèmes ont été imaginés pour mettre en boite cette Furtive là. Des techniques numériques les plus récentes aux modes les plus empiriques En Perse, il existait un mystérieux palais construit par un nommé Aali Gapour. On raconte que le Seigneur de ces lieux convoquait les meilleurs musiciens du pays au petit jour. Dans un salon particulier. L’acoustique de cette pièce avait été savamment étudiée, de telle sorte que les murs renvoyait les échos de la musique jouée le matin jusqu’au crépuscule du soir. Allez savoir !

Cette petite Musique fugitive, un esprit malin est en Elle. Qui provoque. Et court se planquer dans un silence voisin. Ou bien se réfugie dans l’œil d’un chat à l’affût. Qui vous donne un coup de griffe si vous insistez trop...

Alors, seules sont dicibles, pour l'évoquer, les rencontres avec des Hommes, des Femmes. Ou des évènements qui sonnent. Des moments qui détonnent. Des hasards qui résonnent en vous. Qui vous envoient des harmoniques jusque dans le cœur.Des "sympathies", au sens physique du terme (*).

(*) Comme les cordes secondaires du sitar indien. On ne les touche pas. On dit qu’elles vibrent par « sympathie », par simples transmissions des vibrations par le bois de l’instrument avec les cordes principales, bien grattées celles-là, bien consommées.